C’est vous dire si elles avaient hâte de se retrouver, ce jeudi 3 novembre à la médiathèque, ces lectrices toujours enclines à partager leurs bonnes lectures… La dernière rencontre avait eu lieu en octobre 2019 !

Cette rencontre consiste à partager une ou plusieurs lectures, coup de cœur ou pas, ou à écouter sans rien proposer. Autour d’un apéro convivial auquel chacun peut participer, cette soirée est ouverte à tous. Si vous souhaitez participer à la prochaine, qui aura lieu dans quelques mois, signalez-le à la responsable de la médiathèque.

Au cours de cette soirée conviviale, plus d’une vingtaine de romans ont été présentés ou cités pour suggérer de nouvelles lectures.

Tous ces romans sont empruntables à la médiathèque :

Coeur de Sahel (avril 2022), Djaïli Amadou AMAL
Dernier roman écrit par D. A. Amal. Son précédent roman, Les impatientes, avait reçu le prix Goncourt des lycéens 2020. Il décrit la condition des femmes domestiques au service de riches musulmans peuls dans le nord du Cameroun. Traditions ancestrales, patriarcat, polygamie, difficultés économiques, attaques meurtrières de la secte islamiste Boko Haram, changement climatique sont des sujets très actuels. Beau roman, bien écrit qui nous transporte dans un univers bien loin du nôtre !

Là où chantent les écrevisses (2018), Delia OWENS
Tout à la fois roman naturaliste, roman d’amour et d’apprentissage et roman policier, ce livre raconte la vie de Kya, abandonnée par sa mère puis par son père alcoolique et violent. Elle grandit seule au milieu des marais en Caroline du Nord dans les années 1950. Elle va apprendre à survivre dans ce marécage qui sera son refuge, elle fera de belles rencontres mais sera aussi la victime d’une société pleine de préjugés, raciste et prompte à accuser. On s’attache à cette jeune fille qui apprivoise cette nature sauvage. C’est un très bel hymne à la nature et à la liberté.

Mangez-le si vous voulez (2009), Jean TEULÉ (en hommage à l’auteur décédé).
En 1870, un jeune périgourdin se rend à la foire du village voisin. Deux heures après son arrivée, la foule, devenue folle, l’aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé… Comment une telle horreur est-elle possible ? Jean Teulé reconstitue avec précision chaque étape de cet évènement atroce mais réel, il va attirer sur lui, sur la base d’incroyables malentendus, la haine d’une population qui le prend pour un bouc émissaire, étant pris pour un traître, partisan des Prussiens.

Journal d’une femme de chambre (1900), Octave MIRBEAU
En province, en bas de l’échelle sociale, Célestine, femme de chambre en Normandie, consigne son quotidien avec « toute la franchise qui est en elle et quand il le faut toute la brutalité qui est dans la vie ». Ce journal est le prétexte pour l’auteur de brosser une étonnante galerie de portraits, dans une violente satire des mœurs provinciales et parisiennes de la Belle Epoque. Autopsie d’une certaine bourgeoisie mesquine, hypocrite voire antisémite, on est à l’époque de l’affaire Dreyfus... Grand roman social !

Paris Briançon (2022), Philippe BESSON
Beaucoup de subtilité dans la psychologie des personnages de ce roman, qui, au cours d’un voyage en huis clos dans un train de nuit, vont se révéler les uns aux autres dans toutes leurs diversités, voire se découvrir eux-mêmes. Au fil de ce voyage, l’auteur instille dans son récit des petites touches inquiétantes qui nous font nous interroger sur l’issue de ce voyage. Le lecteur s’attache à ces voyageurs que le destin a réunis pour quelques heures et s’identifie parfois à certains. Ils vont être au centre d’un suspense bien mené, qui nous tient en haleine tout au long de chapitres courts dans un style concis !

Le chien (2016), Eric-Emmanuel SCHMITT (nouvelle)
Un médecin de campagne à la retraite a pour compagnon un chien avec lequel il a un lien très particulier, il cache un terrible secret. Ce livre, très bien écrit et poétique, mené comme une enquête policière sur le passé de cet homme juif déporté d’Auschwitz, parle de vengeance et de pardon : une surprenante et bouleversante leçon d’humanité.

Les sept sœurs, Lucinda RILEY
Saga de 7 livres, racontant le destin de 7 sœurs adoptées par un milliardaire énigmatique. A la mort de celui-ci, elles recevront en héritage un indice qui leur permettra de percer le secret de leur origine, Aller-retour dans le passé, dépaysement, passion, secret…

La coccinelle (2020), Florence BELKACEM
L’auteure revient sur les jours, les semaines et les mois qui ont suivi le décès de sa mère. C’est un récit intimiste et très touchant qui parle du deuil et qui évoque les signes que nos proches peuvent nous envoyer, en l’occurrence une coccinelle aperçue le jour de l’enterrement et qui réapparaît à plusieurs reprises « Saint Augustin et Victor Hugo auraient-ils raison, les morts seraient-ils des invisibles mais pas des absents » ? Roman lumineux, érudit, truffé de références littéraires et philosophiques.

La saga des Cazalet, Elizabeth Jane HOWARD
Attention roman fleuve en 5 volumes ! Saga historique et fresque familiale dans laquelle les enfants d’une riche famille occupent pratiquement la place centrale au côté des adultes (parents, grands- parents et domestiques), de la veille de la deuxième guerre mondiale aux années 50, en Angleterre. On les voit devenir adolescents puis à leur tour adultes et parents ; on partage leurs vies et leurs tourments qui sont décrits avec beaucoup de finesse et de justesse. L’auteure possède un grand sens du détail et de la description d’une époque et d’une société, on s’attache à chaque membre de cette grande famille, littéralement addictif.

La vie clandestine (2022), Monica SABOLO
L’auteure revisite son propre passé en menant l’enquête sur les années sanglantes du terrorisme provoqué par le groupe Action directe dans les années 80. Elle va découvrir des similitudes avec son passé familial, mensonges, secrets, violence, font la trame de ce roman habilement construit.

La fissure (2018), Jean-Paul DIDIERLAURENT
Un représentant d’une entreprise de nains de jardin mène une vie bien rangée mais quand il découvre une fissure dans le mur de sa maison, c’est tout son univers qui se lézarde. Animé par une unique obsession, réparer la fissure, il entreprend un périple jusqu’à l’autre bout du monde. Dialogues savoureux, humour noir, histoire absurde qui nous en dit long sur nos travers et notre époque.
Proche de l’univers de Jonathan Coe avec la vie très privée de Mr Sim ou de Attention au parquet de Will Wiles, humour british et kafkaïen, il faut apprécier ce genre d’humour !

La décision (2022), Karine TUIL
Ce roman nous entraîne dans le quotidien de juges d’instruction antiterroristes, (la décision que doit prendre l’héroïne, l’une privée et l’autre professionnelle, aura des répercussions sur toute sa vie) sujet éminemment actuel, roman bien écrit, même si certains personnages sont un peu stéréotypés, on est au cœur de l’actualité. C’était déjà le cas dans son roman précédent : Les choses humaines (prix Goncourt des lycéens 2019) inspiré par le mouvement « me too » passionnant à lire et qui oblige à se poser de multiples questions.

Entre deux mondes (2018), Olivier NOREK
Roman policier, sombre et réaliste, très bien documenté sur la jungle de Calais. On suit à la fois Adam, réfugié syrien et Bastien, flic atterri à Calais. L’auteur n’oublie personne, migrants, calaisiens humanitaires, chauffeurs routiers dans leur quotidien.

Le sang des Belasko (2022), Chrystel DUCHAMP
Cinq frères et sœurs sont réunis dans la maison de famille, isolée au milieu d’un domaine viticole.
Leur père, qui vient de mourir, leur laisse une lettre révélant que leur mère aurait été assassinée.
Au cours de la nuit, non-dits, frustration et jalousie… Le pire reste à venir. L’intrigue est bien menée et réserve des surprises jusqu’à la fin du livre.

L’inconnu de la poste (2021), Florence AUBENAS
Grand reporter au Monde, Florence Aubenas reconstitue le meurtre d’une postière dans un village de l’Ain. Le principal accusé est un ancien enfant de la DDASS, révélé au cinéma, et qui mène une vie errante de marginal entre deux films. Elle conduit une véritable enquête policière sur un fait divers qui parle de la France des régions, de destins ordinaires mais toujours sans jugement ni parti pris.
C’est du journalisme d’immersion qui se lit comme un roman. De la même façon, elle avait abordé le sujet des femmes de ménage qui travaillent dans des ferrys dans le Quai de Ouistreham.

Clara Malraux (2010), Dominique BONA
Cette biographie de la femme d’André Malraux se lit comme un roman. C’est le portrait d’une femme amoureuse, libre et moderne qui a beaucoup voyagé et qui a traversé le 20e siècle.
« Malraux, ce n’est pas seulement André. C’est aussi Clara : sans elle, sa vie, sa légende auraient sans doute été différentes ». Ce livre montre comment une femme moderne tente d’exister à l’ombre d’un grand homme.
Dominique Bona a écrit de nombreuses biographies toutes aussi passionnantes sur Romain Gary, Berthe Morisot (le secret de la dame en noir), et Paul et Camille Claudel (la passion Claudel).

Les possibles (2021), Virginie GRIMALDI
Roman touchant, rempli de tendresse et d’humour jubilatoire. Juliane n’aime pas les surprises. Elle a une organisation bien huilée entre son mari et son fils. Suite à l’incendie de sa maison, elle prend son père chez elle. Un père qu’elle va apprendre à découvrir avec ses valeurs, ses failles, son originalité (il dépense son argent au télé-achat pour toutes sortes de choses, écoute du hard rock, tapisse les murs de posters d’indiens, égare ses affaires, cherche son chemin… Bref ! il déraille)… Mais aussi ses rêves.
Une histoire de transmission, de résilience et d’accompagnement dans la maladie d’Alzheimer.

Quelques autres romans cités :
–  L’enfant aux cailloux de Sophie Loubière (policier)
–  La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg (structure d’un conte)
–  Madame Hayat de Ahmet Altan (prix Fémina étranger 2021)
–  Le petit carnet rouge de Sofia Lundberg
–  Balades indiennes de 3 auteures (4 nouvelles)
–  La folle allure de Christian Bobin (une petite friandise à déguster…).